Travail monastique

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Ne ratez pas la dernière lettre de Ligugé :


un numéro exceptionnel sur la synodalité !


«Rien de médiocre dans la maison de Dieu. Que les œuvres d’art, statue, chemin de croix, vitrail, mosaïque … fassent un tout homogène et harmonieux… et parlent au cœur des fidèles.» G. Merklen


A l'occasion du centenaire des vitraux du maître verrier Georges Merklen, n'hésitez pas à commander ce magnifique DVD sur les vitraux de Notre-Dame de l'Agenouillée, réalisé par Frère Pascal, en vente à la Procure de Poitiers ou à la boutique de l'abbaye.

LES  CONTRIBUTIONS DE L'ABBAYE


LA FONDATION BENEDICTUS


L’ Alliance Inter-Monastères (AIM), présidée par Fr. Jean-PIerre Longeat, et l'AMTM - Association des Amis des Monastères à Travers le Monde (AMTM) ont créé ensemble la Fondation Benedictus – sous l’égide de la Fondation Caritas France.


La Fondation Benedictus a pour mission d’apporter son concours moral et financier en vue de soutenir les activités de développement social, culturel, économique et environnemental au service de la promotion et de la dignité des populations défavorisées, en lien avec des fondations monastiques à travers le monde, vivant sous la règle de saint Benoît, en dehors de l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord.


Cette Fondation abritée vient en complément du travail de l’Alliance Inter-Monastères qui reçoit directement des aides financières de la part des monastères, d’organismes divers et de particuliers afin de soutenir tous les projets qui n’entrent pas dans le cadre de la Fondation Benedictus : formation, construction et rénovation de bâtiments spécifiquement religieux, activités lucratives des monastères.


N'hésitez pas à vous rejoindre sur Instagram et Facebook pour prendre connaissance, liker et soutenir ensemble les projets en cours de la fondation au Brésil, en Ukraine notamment !


https://www.instagram.com/fondation_benedictus


https://www.facebook.com/FondationBenedictus92




LA BOUTIQUE DE L' ABBAYE

À la boutique de l'abbaye, vous pouvez vous y approvisionner en cliquant sur le lien suivant :


https://www.abbaye-liguge.fr/boutique-abbaye-st-martin-liguge


Vous trouverez :

  1. des livres, des partitions, des CD et DVD,
  2. des émaux,
  3. des produits monastiques :
    • épicerie sucrée : biscuits et gâteaux, confitures, miels, flans, bonbons et confiseries ;
    • thés, cafés et infusions ;
    • épicerie salée : terrines et pâtés, pâtes, farines, fromages, herbes et aromates
    • vins, bières, eau de vie,
    • des produits cosmétiques de l'Abbaye de Chantelle et de Ganagobie : crèmes, gels, huiles, lait, lotions, savons, parfums, eau de Cologne, eau de toilette, shampoing, baume...


    Merci à vous

LES PARTITIONS

Maurice Duruflé, Fugue sur le Carillon des Heures de la Cathédrale de Soisson. Editions Europart-Music (Abbaye de Ligugé)


Partitions sont sur le site marchand de l'abbaye de Ligugé en cliquant sur le lien suivant :

https://www.boutique-saintmartindeliguge.com/partitions?Cat%C3%A9gorie=Orgue&page=2

Partitions (orgue, chant liturgique, musique vocale et instrumentale)

Editions Europart-Music

ATELIER DE L'ABBAYE DE LIGUGÉ

PÂTISSERIE

ATELIER DES ÉMAUX

POTAGER

Les moines, maîtres en économie ?


Interview de Flore Pierson - Publié par La Vie le 17 février 2023


Fraîchement diplômée d’HEC, Clémentine Perier publie «À l’école des moines, réinventer l’économie», son mémoire de recherche fondé sur 15 monastères français. Une analyse limpide du rapport des communautés monastiques à l’économie, qui contient son lot de surprises.


C’est en étudiant l’économie monastique que Clémentine Perier a remporté le prix de son master X-HEC Entrepreneurs. Elle y a gagné la publication de son mémoire. Une distinction plutôt étonnante venant d’une école qui n’est pas réputée pour favoriser la quête spirituelle. D’où l’intérêt de rencontrer l’auteure de ce«précieux petit livre»,comme le désigne sa préfacière Cécile Renouard (religieuse et spécialiste de la responsabilité éthique des entreprises) ?


Comment ce sujet a-t-il été reçu autour de vous, dans un environnement laïc ?


Il a été bien reçu, et par un public varié ! J’ai l’impression que la figure du moine est perçue très positivement, comme détachée de l’Église et de son image abîmée, et que ce modèle, qui paraît alternatif, intrigue.


Pourquoi les moines et les moniales travaillent-ils ?


Cela peut être très différent selon les monastères. Saint Benoît considère le travail comme l’un des quatre piliers de la vie monastique, avec la prière, la vie fraternelle et l’hospitalité. Selon lui, il est important que la communauté soit autosuffisante. C’est moins la question aujourd’hui, même si l’équilibre financier apporté par une activité productive participe de la pérennité d’une communauté.


Je dirais que le travail est une manière pour les moines de réconcilier leur idéal spirituel, très vertical, avec la réalité humaine, horizontale. Le travail est unificateur pour le moine parce qu’il est à la jonction de sa dimension incarnée (il fait partie du monde) et de sa dimension spirituelle (il a choisi de s’en extraire pour se donner).


Cette vertu spirituelle du travail se retrouve dans la manière de former une communauté. En travaillant, le moine prend conscience de son interdépendance avec les autres. Il n’y a d’ailleurs pas de salaire individuel: la communauté pourvoit aux besoins de tous et verse à chacun une petite allocation complémentaire, selon ses besoins, et non selon le travail effectué. La valeur du moine n’est donc pas dans ce qu’il fait, mais dans ce qu’il est.


Enfin le travail est aussi vu par les moines et moniales comme une communion avec le monde. Par lui, ils sont reliés à toute une chaîne d’acteurs économiques, fournisseurs, distributeurs,etc. Et pour eux qui ont fait le choix d’être à l’écart du monde, c’est une manière de partager les préoccupations et les enjeux de tous les hommes et femmes de leur temps. Car le travail monastique n’est pas exempt de stress!


Ils connaissent les mêmes préoccupations que les laïcs, mais disent : «Nous faisons les mêmes choses que tout le monde, mais différemment.» Que faut-il comprendre ?


Ils les font différemment parce qu’ils travaillent dans une perspective différente: pour Dieu et pour leur communauté. Le travail est un moyen et non une fin. Cela se manifeste par exemple dans le respect des temps de prière quotidiens. Être interrompu dans son travail toutes les deux heures paraît incongru pour l’extérieur. De fait, certains moines témoignent de la difficulté de se concentrer dans la prière juste après avoir quitté leur poste. Mais ils y voient aussi une vertu, car ils prennent alors du recul sur ce qu’ils font et le replacent dans une dimension plus grande, et prioritaire, ce qui serait précieux pour n’importe quel travailleur !


Cela les mène souvent à prendre des décisions qui, en quelque sorte, vont contre l’économie. Par exemple, les bénédictines de Bouzy-la-Forêt (Loiret), qui produisent leur Eau d’émeraude aux différentes vertus thérapeutiques, refusent d’utiliser des colorants et acceptent que leur produit soit parfois jaunâtre, car la couleur dépend des périodes de récolte. Ce n’est pas très marketing mais, pour elles, la qualité de la composition prime. Elles préfèrent aussi travailler avec un fournisseur d’emballages proche de chez elles, qui coûte plus cher, pour contribuer à l’économie locale. Enfin, toutes les sœurs peuvent travailler, quel que soit leur âge, dans des tâches adaptées à leur niveau de fatigue. Même si leur poste est moins productif ainsi, l’important réside dans l’intégration de toutes.


Finalement, l’économie monastique rejoint les aspirations actuelles à une économie qui n’exploite ni l’environnement ni les hommes. Sur ce point les moines sont ultramodernes…


Oui. Les monastères s’inscrivent par définition dans un temps long, respectueux des rythmes naturels et, encore une fois, le profit ne dirige pas leur stratégie, même si ses avantages ne sont pas négligés. L’ancien cellérier de l’abbaye de Lérins (Alpes-Maritimes) se fait un brin provocateur en déclarant : «Plus on peut faire de fric, mieux c’est, à trois conditions: le respect de l’homme, le respect de la nature, et l’utilisation de l’argent au profit du bien commun.»


Le choix même de leurs activités résonne inversement avec la perte de sens au travail aujourd’hui: les monastères se tournent majoritairement vers des métiers essentiels: soigner, nourrir, loger, construire. Ils sont mal payés, peu valorisés, mais loin desbullshitjobs(«emplois à la con») qui mènent tant de personnes au burn-out.


Vous partiez avec l’idée que cette recherche pourrait permettre d’élaborer des leçons valables pour l’économie en général, mais vous avez changé d’avis en cours de travail. Pourquoi ?


J’ai compris que les moines ne voulaient absolument pas s’ériger en modèle. Ils se considèrent comme des expérimentateurs permanents. C’est paradoxal car ils suivent généralement une règle, comme celle de saint Benoît qui parle tant du travail. Mais il est évident que celle-ci, élaborée au VIe siècle, ne peut pas donner toutes les réponses ni prévoir toutes les évolutions de l’humanité (notamment technologiques). Alors les moines et les moniales mettent en œuvre trois attitudes autour de cette Règle : l’humilité, l’acceptation de leur incarnation, et enfin le discernement, ou discretio.


Ainsi, ce qui a été recueilli dans ce livre doit susciter des questions, tant au niveau structurel (sur l’organisation des entreprises, les arbitrages stratégiques, les ressources humaines,etc.) que personnel (le sens de son travail, l’adéquation avec la structure qui nous emploie,etc.), mais ne doit surtout pas donner des leçons. Les moines et moniales nous disent simplement:«Venez et voyez», au sens propre puisque leurs hôtelleries sont ouvertes à tous et qu’on peut venir travailler avec eux.


Depuis quelques années, nous avons repris le potager en permaculture.