Méditation du vendredi 22 septembre
Une parole
Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources.
Un regard
Saint Luc est le seul à mentionner la présence de femmes auprès de Jésus lors de ses tournées missionnaires en Galilée. Le fait a de quoi surprendre car, dans la société juive du 1er siècle, les femmes étaient souvent cantonnées à la maison. Pour une femme, suivre sur les routes un prophète itinérant, c’était risquer de compromettre sa réputation. Pour oser le faire, ces femmes devaient avoir noué une relation très forte avec Jésus ; de fait, saint Luc souligne qu’elles avaient été guéries par Jésus, le cas le plus remarquable étant celui de Marie, dite Madeleine, dont saint Luc écrit qu'elle a été délivrée de sept démons. Cette mention des sept démons pourrait être rapprochée d’un autre passage de l’évangile selon saint Luc où Jésus évoque le fait qu’un esprit expulsé revient à l’assaut avec sept autres esprits encore plus mauvais. La mention des sept esprits pourrait donc simplement signifier que Marie-Madeleine aurait rechuté après avoir été délivrée une première fois d’une possession puis aurait définitivement été libérée de toute possession la seconde fois. En tout cas, Marie-Madeleine a suivi Jésus jusqu’à Jérusalem puisque, d’après les autres évangiles, elle faisait partie des femmes venues visiter le tombeau le matin du premier jour de la semaine. En revanche, saint Luc ne dit rien de l’apparition de Jésus ressuscité à Marie-Madeleine rapportée par les autres évangiles. Ces femmes ne se contentent pas de suivre Jésus ; « servir » traduit le mot grec diakoneô qui a donné le français diacre. Ce mot renvoie souvent en grec au service de table comme dans la guérison de la belle-mère de Pierre qui, après avoir été guérie, sert Jésus et les apôtres ou, dans le récit de l’accueil de Jésus par Marthe et Marie, Marthe est accaparée par les multiples occupations du service (diakonia en grec). Ces premières « diaconnesses » qui suivent Jésus en Galilée s’occupent donc probablement, entre autres, de lui préparer ses repas.
Une prière
Prions notre Seigneur Jésus qui appelle des femmes et des hommes à le suivre.
Seigneur, viens nous guérir de nos maladies physiques et psychiques, des addictions qui nous emprisonnent et nous marcherons à ta suite.
Seigneur, apprends-nous à nous mettre à ton service avec ce que nous savons, à mettre nos humbles talents matériels au service de la mission.
Seigneur, donne-nous la force de te suivre jusqu’au bout, jusqu’au pied de la croix pour ressusciter avec Toi dans la vie éternelle.
Une parole
Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins.
Un regard
Dans ce passage de sa première lettre à Timothée, saint Paul oppose en quelque sorte deux manières de pratiquer la religion, une bonne et une mauvaise. Il décrit d’abord la mauvaise qu’il définit ainsi : vouloir tirer profit de la religion, c’est-à-dire, me semble-t-il, utiliser des pratiques religieuses pour en tirer des avantages matériels. Reconnaissons que c’est une tentation qui a eu constamment cours tout au long de l’histoire de l’Église ! Et comme moine vivant en partie des dons que font les fidèles à mon abbaye, je ne suis pas le mieux placer pour la dénoncer. À ces mauvaises pratiques, saint Paul oppose la bonne raison pour laquelle on doit pratiquer la religion : s’emparer de sa vie éternelle. Ici la tentation serait, me semble-t-il, d’opposer la vie d’ici-bas à la vie éternelle, comme deux domaines strictement séparés, la pratique religieuse ne valant que pour la vie éternelle. C’est cette opposition trop stricte qui a fait dire à Karl Marx que la religion était l’opium du peuple qui, en détournant ses espérances vers une vie éternelle illusoire, lui permettait de supporter les injustices de la société. En réalité, la vie éternelle est déjà présente ici-bas, elle suppose notamment un certain rapport aux richesses matérielles qu’il est inutile d’accumuler. On ne peut les emporter dans la vie immatérielle. Notre trésor ne doit pas consister en des biens matériels mais en des relations de confiance, de foi en Dieu, en nos frères humains, qui peuvent se poursuivre et s’épanouir dans la vie éternelle.
Une prière
Prions le Seigneur pour qu’il nous aide à nous emparer de la vie éternelle.
Seigneur, réserve-nous de la tentation d’accumuler des biens matériels passagers.
Seigneur, soutiens-nous dans le combat de la foi, que nous proclamions avec assurance ta Bonne Nouvelle dans notre monde par nos discours et par nos actes.
Seigneur, donne-nous de demeurer jusqu’au bout de fidèles serviteurs faisant fructifier avec confiance le dépôt de la foi qui nous est confié.
Méditation du jeudi 21 septembre
Une parole
À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. Et les dons qu’il a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude.
Un regard
Pour évoquer la vocation d’apôtre, il y a deux manières de procéder. On peut s’intéresser à la vocation particulière d’un apôtre, aux circonstances de son appel, à sa relation avec Jésus ; c’est ce que nous invite à faire le récit de la vocation de Matthieu dans l’évangile. On peut aussi s’intéresser aux places des différentes vocations dans l’Église ; c’est ce que nous invite à faire saint Paul dans la lettre aux Éphésiens. Pour lui, l’Église est le corps du Christ appelée à croître jusqu’à atteindre la pleine stature du Christ et, dans ce corps, chacun a sa place, sa vocation propre, conformément aux dons de la grâce que Dieu lui a dispensés. Les apôtres ont peut-être le premier rang dans l’Église mais ce sont des organes de ce corps qui ne peuvent réaliser leur vocation qu’à l’intérieur de celui-ci, dont la vocation est en quelque sorte subordonnée à la vocation générale de l’Église : être le corps du Christ.
Une prière
Prions notre seigneur Jésus Christ, pour son Église, afin qu’elle devienne vraiment ce qu’elle est appelée à 'être, son corps, le Corps du Christ.
Seigneur, donne à chacun de réaliser sa vocation propre tout en participant à la croissance du corps ecclésial.
Seigneur, donne à ton Église des apôtres et des évangélistes pour proclamer la Bonne Nouvvelle du salut à notre monde qui l’ignore.
Seigneur, donne à ton Église des prophètes et des enseignants pour interpeller nos contemporains et les inviter à se convertir.
Une parole
En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs.
Un regard
Les quatre premiers disciples que Jésus avait appelés, Pierre, André, Jacques et Jean, étaient des pêcheurs et voici que maintenant Jésus appelle un pécheur. Je sais bien que l’homophonie entre ces deux mots de racine très différente (pêcheur vient de piscator en latin et pécheur de peccator) ne marche qu’en français. Mais il ne s’agit pas d’un jeu de mot. En prenant des pêcheurs comme premiers disciples, Jésus déclare que leur mission sera d’être pêcheurs d’hommes, de les prendre, non pour les mettre à mort, mais au contraire pour les libérer. Et en appelant un publicain, considéré comme un pécheur public, Jésus déclare qu’il n’est pas venu appeler les justes mais les pécheurs, qu’il ne choisit pas ses disciples parce qu’ils seraient meilleurs que les autres mais parce qu’ils sont des pécheurs comme les autres et qu’ils ont besoin d’être sauvés. L’Église n’est pas une élite de parfaits mais un rassemblement de pécheurs pardonnés, sauvés par le Christ Jésus et qui vont porter au monde la Bonne Nouvelle du salut qu’ils ont reçu et que tous peuvent recevoir.
Une prière
Par l’intercession de l’apôtre saint Matthieu, prions notre Seigneur Jésus pour son Église, l’assemblée des pécheurs qu’il est venu appeler et sauver.
Seigneur, toi qui as appelé Matthieu à son bureau de publicain, ouvre les oreilles de notre cœur pour que nous te reconnaissions lorsque tu viens nous visiter dans l’ordinaire de nos vies.
Seigneur, préserve-nous de la tentation de nous croire supérieurs aux autres, de les condamner comme des pécheurs.
Seigneur, apprends-nous à reconnaître que nous sommes nous-mêmes des pécheurs qui avons besoin chaque jour de recommencer à nous convertir.
Méditation du mercredi 20 septembre
Une parole
Jean le Baptiste est venu, en effet ; il ne mange pas de pain, il ne boit pas de vin, et vous dites : « C’est un possédé ! » Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et vous dites : « Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs. »
Un regard
« Jamais content. » D’après Jésus, ses contemporains sont comme des gamins gâtés qui ne sont jamais contents, qui trouvent toujours quelque chose à redire. L’ascèse de Jean le Baptiste ? C’est proprement inhumain : pour pouvoir faire cela, il doit être possédé par un démon ! Jésus ? il passe son temps à manger avec des gens mal famés, des publicains et des pécheurs. Derrière la question du régime alimentaire contrasté de Jésus et Jean le Baptiste, se pose la question plus fondamentale du traitement réservé aux pécheurs. Jésus, comme Jean le Baptiste, rompent avec le système du Temple où la pureté rituelle est assurée par les sacrifices réguliers pour le péché. Jean le Baptiste propose, comme alternative, la confession des péchés accompagnée d’un bain de purification : le baptême. Jésus, qui, d’après les évangiles, a lui-même reçu le baptême de Jean le Baptiste, se présente comme le fils de l’homme ayant autorité pour remettre les péchés. Il va lui-même à la rencontre des pécheurs, et notamment des pécheurs publics que sont les publicains, pour les sauver. En ce sens, il est bien, comme Jean à sa manière, l’ami des pécheurs, non pas pour les encourager dans leurs péchés mais pour les sauver.
Une prière
Prions notre Seigneur Jésus, le Fils de l’homme, l’ivrogne et le glouton, l’ami des publicains et des pécheurs.
Seigneur, nous te prions pour que ceux qui ont faim et soif soient rassasiés.
Seigneur, aide-nous à reconnaître que nous sommes des pécheurs pardonnés et que nous avons besoin de Toi pour nous sauver.
Seigneur, préserve-nous de la tentation de condamner le pécheur, de le confondre avec sa faute ; apprends- nous à aimer le pécheur et à détester le péché.
Une parole
Mais au cas où je tarderais, je veux que tu saches comment il faut se comporter dans la maison de Dieu, c’est-à-dire la communauté, l’Église du Dieu vivant, elle qui est le pilier et le soutien de la vérité.
Un regard
L’expression « maison de Dieu » pour désigner l’Église peut sembler aller de soi. Pourtant, il convient d’y prêter attention : contrairement à ce que pourrait laisser penser le sens le plus usuel du mot maison en français, Paul ne parle pas d’un bâtiment mais d’une communauté – le terme communauté n’apparaît pas dans le texte grec mais a été rajouté dans la traduction française en raison de l’ambiguïté en français du terme Église. Dans le grec biblique, église désigne toujours l’assemblée des croyants et jamais un édifice. Si elle est la maison de Dieu, c’est dans le sens où le mot maison désigne en français le personnel au service d’un roi ou d’un grand. On parlait à l’époque de la maison de César pour désigner tout le personnel au service de l’empereur. C’est dans ce sens que l’Église est pour saint Paul la maison de Dieu, l’ensemble des croyants sauvés du péché par Dieu et qui se mettent à son service.
Une prière
Seigneur, nous te prions pour l’Église, l’assemblée de ceux qui croient au Dieu vivant.
Seigneur, que ton Église soit une même maison de tous ceux qui croient en Toi.
Seigneur, que ton Église soit un soutien pour tous les croyants qui proclament la Bonne Nouvelle de ta résurrection dans le monde.
Seigneur, fais grandir, entre les croyants de ton Église, la charité mutuelle.
Proposé par le Fr. Antoine-Frédéric