Méditation

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En Avent....


2e semaine de l'Avent


LE PRÉCURSEUR DE LA JOIE


La vocation de Jean-Baptiste est intimement liée à la venue du Verbe, à son Avent. Elle consiste tout entière à la prédire, à la précéder, à la préparer. Et si la venue du Verbe se continue dans tout le temps de l’Église, s’il est toujours "Celui qui vient", on voit comment la vocation de Jean reste toujours une vocation actuelle.


Ce à quoi Dieu appelle Jean, c’est d’abord à annoncer sa venue. Il sera appelé "Prophète du Très-Haut". Il se situe ainsi dans la suite des Prophètes qui, avant lui, avaient été appelés par Dieu. Et sous un aspect, son message n’est pas différent du leur. Mais parmi les Prophètes, Jean est cependant unique. Il est "plus qu’un Prophète" dira de lui Jésus. Et il ajoutera : "Il n’y a aucun prophète, parmi les fils des femmes, plus grand que Jean-Baptiste". En effet, il n’est pas seulement prophète, mais il fait déjà partie des événements eschatologiques que les Prophètes avaient annoncés. Ceux-ci avaient prédit que la venue de Dieu serait préparée par un Envoyé. Isaïe avait parlé de "la voix de celui qui crie dans le désert : préparez les voies du Seigneur". Dans Malachie, Yahvé dit : "Voici que j’envoie mon ange qui préparera les voies devant ma face".
La différence entre Jean et les anciens prophètes et sa proximité avec Jésus apparaissent aussi dans le contenu de sa prophétie. Le contenu du message de Jean, c’est de "faire connaître le salut et la rémission des péchés à ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort". Isaïe avait annoncé qu’une lumière se lèverait un jour pour "ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort". Le message de Jean s’adresse à un monde captif de la mort et du péché, impuissant à s’en libérer, à un monde voué à la mort et incapable de justice, à un monde sans espoir. Et sa vocation bienheureuse, c’est d’annoncer que tous les liens seront brisés, que l’amour sera le plus fort. C’est déjà le message de la grâce.


Mais dire que Jean annonce l’imminence de la grâce ne suffit pas. Elle est inaugurée déjà avec lui. En ce sens, il est le précurseur, celui qui marche devant, mais qui fait déjà partie du cortège : "Il marchera devant le Seigneur dans l’esprit et la puissance d’Élie".


Si nous prenons l’Évangile de Luc, nous voyons que les événements de la naissance de Jean sont déjà comme une ébauche de ceux de la naissance de Jésus. Le parallélisme est extraordinaire. De même que la naissance de Jésus sera annoncée à Marie, la naissance de Jean est annoncée à Zacharie et dans des termes identiques. Plus remarquable encore est le parallélisme même de la naissance de Jean et de celle de Jésus. L’Avent apparaît ainsi comme une pédagogie de la foi. La foi ne consiste pas à croire que Dieu existe, mais que Dieu intervient dans l’histoire. Et c’est cela qui apparaît invraisemblable à l’homme. Qu’au cœur de la trame des événements ordinaires, au milieu des déterminismes des faits physiques, de l’enchaînement des faits sociologiques, il y ait des irruptions de Dieu, des actions proprement divines, où Dieu crée, visite, sauve, voilà ce que les hommes ne peuvent admettre. Il est vrai qu’aucune raison ne permet de le justifier. Mais c’est cependant par là que se dévoile à nous le Dieu vivant, celui qui vient, qui entre avec nous dans un rapport personnel et qui rejette bien loin le Dieu abstrait des déistes, celui que seule la raison atteindrait.


Avec Jean, c’est déjà la joie qui est donnée, non la joie humaine, mais la joie messianique, ce que Siméon appelait : "La consolation d’Israël". L’ange dit à Zacharie : "Il sera pour toi joie, exultation, et beaucoup se réjouiront en son nom". Lui-même est rempli de cette joie qui sera donnée.


Contemplation, croissance de l’Église, p. 55-57

JEAN DANIELOU


(Proposé par Fr. Jean-Pierre)