Saints et Pères et de l'Eglise

24 AVRIL


Saint Fidèle de Sigmaringen


Capucin, prêtre et martyr (+ 1622)


Saint Fidèle de Sigmaringen, l’avocat-martyr des capucins

 

Les Exercices spirituels de saint Fidèle de Sigmaringen, assassiné le 24 avril 1622, restent un des manuels de référence de la formation franciscaine.

On l’appelait “l’ange de la paix”, ou “l’avocat des pauvres”, tant il savait manier l’érudition et la foi. Marc Roy — en religion Fidèle de Sigmaringen — brillant avocat de Colmar (Alsace), est mort en martyr après dix années de zèle apostolique pour convertir les cœurs et prêcher pour les pauvres.

“Je ne ne crains pas la mort, je défends la vérité qu’ont soutenu les martyrs, ma cause est la leur, leur sort sera le mien”, a-t-il répondu au petit groupe d’hérétiques fanatisés qui lui demandait de renier le catholicisme avant de l’assassiner. Lui, le prêcheur de la bonne parole, soucieux “d’imiter parfaitement mon Sauveur”, comme il disait, s’est abandonné à leurs mains, le 24 avril 1622, en les pardonnant : “Pardonnez, ô mon Dieu, pardonnez à mes ennemis que la passion aveugle : ils ne savent pas ce qu’ils font. Seigneur Jésus, ayez pitié de moi ; Marie, Mère de Jésus, assistez-moi.”

 

Quand Fidèle a été massacré, il n’avait que 44 ans, et seulement dix ans de vie religieuse. Mais ses Exercices spirituels, découverts après sa mort, restent un des manuels préférés de la formation spirituelle des capucins. Traduit dans toutes langues européennes au XVIIIe siècle, l’ouvrage renferme des prières et des exercices de piété, mais également une sorte de testament spirituel par lequel l’âme se livre totalement à Dieu, témoignant du souci constant de Fidèle à faire naître et grandir l’amour de Dieu dans le cœur des fidèles.


Fidèle par son nom et par sa vie


Marc Roy est originaire de Sigmaringen, une petite ville d’Allemagne près de la Suisse. Il a étudié d’abord la philosophie puis le droit et commencé à Colmar, en Alsace, une brillante carrière d’avocat. C’est un homme pieux, très proche des pauvres et des malades. Avec des vertus si appréciées de ses condisciples, que tout le monde le surnomme également “le Philosophe chrétien”. Que de loyauté, de haine du mensonge, de sagesse, voit-on dans ses plaidoyers, témoignait son entourage.


Mais être un bon chrétien ne suffit pas au jeune avocat. Et un beau jour il décide de quitter sans hésiter son beau monde doré pour se retirer, à 35 ans, chez les capucins de Fribourg, où il prend l’habit et le nom de Fidèle.

Ses premières années de vie religieuses se déroulent au milieu de doutes sur comment vivre sa vocation : Où pouvait-il faire du bien ? Comment soulager ces malheureux sans sa fortune qu’il avait abandonnée ?


Mais Dieu lui rend très vite la force et la paix. Il vend tous ses biens, donne tout aux bonnes œuvres, et mène une vie sainte et austère plus éloquente que n’importe quel sermon ou raisonnement. Les conversions se multiplient. Il devient un prédicateur populaire et apprécié des fidèles.


Ardent défenseur de la foi


Le succès de Fidèle est si grand que sa charité autant que son érudition et sa foi convainquent le Saint-Siège à l’envoyer prêcher dans le canton Suisse des Grisons envahi par le protestantisme. En dix ans, le religieux sillonne l’Allemagne du Sud, l’Autriche et la Suisse, où il prêche inlassablement et se distingue par sa charité et son ardeur pour défendre la foi.

 

Mais ses enseignements suscitent également la haine d’une poignée d’hérétiques. Et le 14 avril 1622, après la messe, à Seewis im Prättigau, il est sauvagement assassiné, son corps, horriblement mutilé et exposé aux insultes des fanatiques pendant toute la journée. Sa dépouille, exhumée six mois plus tard, sera trouvée sans corruption, puis transportée à la cathédrale de Coire. Après de nombreux miracles, Fidèle est béatifié le 24 mars 1729 par le pape Benoît XIII et canonisé par le pape Benoit XIV le 29 juin 1746.


Bien des écrits publiés de son vivant étaient déjà perdus à l’époque de son procès de béatification, mais on a retrouvé ses exercices spirituels ainsi que le « Testament » qu’il rédigea avant de prononcer ses vœux et d’entrer en religion, où il décrit l’évolution de sa vocation et sa conception de la vie religieuse. À ce matériel, cher aux capucins, s’ajoutent entre autres des notes, des méditations et des cahiers de cours de philosophie et théologie, des sermons en partie publiés, et près d’une vingtaine de lettres.


Isabelle Cousturié ✝

 

 

 

Le martyre de saint Fidèle de Sigmaringen Eglise Saint-Laurent de Pleure

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D’après les recherches effectuées par Madame de Vesvrotte, Conservatrice des antiquités et objets d’art du Jura, il s’agirait d’une œuvre inspirée d’un tableau de Sébastiano Conca, artiste italien ayant représenté le martyre de saint Fidèle à l’époque de la canonisation.

Cette source fut reproduite par plusieurs gravures dont le peintre du tableau de Pleure a dû s’inspirer, sa composition étant inversée par rapport à l’original. L’exaltation de saint Fidèle Gravure imprimée sur soie d’après un tableau de Sébastiano Conca


 Saint Fidèle occupe la place centrale du tableau. Vêtu de la tenue des Capucins, il est à genoux par terre, les bras ouverts, le visage tourné vers l’un de ses agresseurs et la tête déjà auréolée d’un nimbe de lumière. Tombé à terre, juste à ses côtés, un livre à la couverture rouge ainsi que le crucifix placé sur sa poitrine nous signifient son lien au Christ par sa Parole. Cette Parole que Fidèle a annoncée juste avant, durant la messe qu’il vient de célébrer.


 Ce sont ses seules armes face aux quatre hommes qui l’encerclent, sans parler de ceux qui, dissimulés derrière les colonnes observent et commentent, voire même encouragent leurs compères. En revanche, les agresseurs sont, eux, puissamment armés : poignard, pieu, épée, gourdin hérissé de pointes de fer sans parler de la hallebarde posée à terre, au premier plan du tableau. L’ampleur de leurs gestes, accentuée par le mouvement de leurs vêtements attestent de la violence avec laquelle ils frappent leur victime. Leur visage, eux aussi, traduisent la brutalité et l’excès. Il est vrai que la région des Grisons avait connu durant toute la première moitié du XVIIème siècle des conflits fréquents entre catholiques et protestants avec, en particulier l’épisode tragique du Sacro Marcello en 1619 – soit 3 ans avant la mort de Fidèle de Sigmaringen- où 700 protestants furent tués par les catholique soutenus par les troupes de la famille de Hasbourg.


On peut imaginer que de tels massacres aient marqué les esprits et conduit au fanatisme. Si la scène centrale du tableau nous montre l’opposition entre la violence des assassins et la douceur de celui à qui ses paroles et ses actes avaient valu le surnom « d’ange de la paix », la partie supérieure, quant à elle, nous rappelle ce qui plaît à Dieu. L’angelot qui traverse la nuée tient dans ses mains la couronne et la palme du martyre : la douceur de saint Fidèle lui fait gagner la terre promise, comme Jésus nous le dit dans la troisième béatitude (Mt 5, 5)


 Une douceur qui n’ignore pas les difficultés mais qui, avec l’aide de Dieu, est le témoignage d’un amour effectif, d’une charité en œuvre. Saint Fidèle le disait ainsi dans son testament :


« De nos jours, qu’est-ce qui entraîne les chrétiens à rejeter la facilité, à renoncer au confort, à supporter les épreuves, à souffrir une vie pénible ? C’est la foi vive qui agit par la charité. » « Dans ce monde qui depuis le commencement est un lieu d’inimitié, où l’on se dispute partout, où, de tous côtés, il y a de la haine, où constamment nous classons les autres en fonction de leurs idées, de leurs mœurs, voire de leur manière de parler ou de s’habiller. En définitive, c’est le règne de l’orgueil et de la vanité, où chacun croit avoir le droit de s’élever au-dessus des autres. Néanmoins, bien que cela semble impossible, Jésus propose un autre style : la douceur. C’est ce qu’il pratiquait avec ses propres disciples. »

Pape François, Gaudete et Exsultate n°71

 

Bertane Poitou Commission d’art sacré – Diocèse de Saint-Claude Avril 2021.

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