Saints et Pères et de l'Eglise

28 MARS ( Mémoire le 29 MARS)


Saint Diadoque de Photicée

(Ve siècle)

Diadoque fut au 5e siècle évêque de Photicé, une petite ville d’Epire, en Grèce continentale. Nous ne le connaissons guère que par son œuvre. En ce temps ou l'orthodoxie d'un christianisme sans frontières était exposée à toutes les effervescences et à tous les risques. Diadoque de Photicé apparaît comme un témoin singulier et fondamental, à la fois garant de l'ordre ecclésial et prédicateur de la radicalité évangélique


Il fut un homme sage, brillamment doué pour l’action et la contemplation, il est permis, à quiconque le désire, de l’apprendre en lisant ce traité qui nous a été conservé, et qu’il a fort bien écrit, avec un amour de la sagesse porté par une longue expérience et avec dans le cœur des élévations divines.


C'est 100 chapitres sur la connaissance et le discernement spirituel font en effet de lui un des tous premiers indicateurs de la voie droite empruntée par les moines, vouée à la prière, offerte à l'extase, mais faites de rigueur et d'équilibre avant tout.

 

 La langue et limpide simple et belle comme tous les grands évêques de son époque, Diadoque a été visiblement formé par la culture grecque. Mais il est aussi l'héritier direct des Anachorètes égyptiens. Les a-t-il connu sur place ? Ou a-t-il simplement été touché , en Grèce même, par l'expansion de la  voie monastique et des écrits d’Evagre ? Une chose est sûre, il en est totalement tributaire. Mais il est aussi totalement lui-même, jusque dans les abîmes de l'humilité:

« Je sais quelqu'un, dit-il, qui aime tellement dieu et qui pleure tellement et qui pleure tellement de ne pas l'aimer comme il voudrait, que son âme est sans cesse prise d'un désir ardent de voir Dieu glorifier en lui, et d'être lui-même comme s’il ne l’était pas"


Seul importe ici le passage du créé à l'incréé: l'amour de la gloire de Dieu. D’où pour garder pur l'amour et ouverte  la gloire, le renoncement à tout ce qui n'est pas action de grâce. Diadoque prône la pauvreté, la nudité, le jeûne, la compassion évangélique, l’ascèse de la mort au monde  demeurer dans son propre cœur; fermer toutes les issues par le souvenir de Dieu ; invoquer le nom du Seigneur Jésus ; non pas tantôt prier et tantôt ne pas prier, mais prier continuellement, même si l'on vit hors des monastères ; et savoir que l'acquisition des vertus ne saurait être une garantie de perfection, enfin trouver la paix dans la douceur » pareille dans les larmes ». Surtout tant était grande à l'époque la tentation et la confusion, il met fortement en garde contre toute vision intempestive de formes lumineuses extérieures à l'intelligence.

L’ascète de la foi doit éviter de la même manière l'amour de la veine gloire, et le mépris de la nature humaine. L’humilité est plus que jamais que nécessaire. Toute suffisance, même involontaire, efface l'état de grâce.

 

La Philocalie L’école mystique de la prière intérieure ( Abbaye de Bellefontaine)

 

Méditation : ouvrons-nous à la lumière de l'Esprit-Saint !

 

« C'est une lumière de vraie connaissance que de discerner sans erreur le bien du mal... En effet, ceux qui combattent doivent garder sans cesse le calme de la pensée ; ainsi l'esprit pourra discerner les suggestions qui la traversent et il déposera celles qui sont bonnes et viennent de Dieu dans le trésor de la mémoire, tandis qu'il rejettera celles qui sont mauvaises et diaboliques.

Lorsque la mer est calme, les pêcheurs aperçoivent le mouvement de ses profondeurs à tel point que presque aucun des êtres qui en parcourent les sentiers ne leur échappe ; mais quand elle est agitée par les vents, elle cache dans sa sombre agitation ce qu'elle montre volontiers dans sa tranquillité...


C'est seulement au Saint Esprit qu'il appartient de purifier l'esprit, car à moins qu'un plus fort n'entre pour dépouiller le voleur, le butin ne sera pas du tout repris. Il faut donc par tous les moyens, et spécialement par la paix de l'âme, offrir un gîte au Saint Esprit, afin d'avoir la lampe de la connaissance toujours brillante en nous. Car si elle rayonne sans cesse dans les replis de l'âme, non seulement toutes les insinuations dures et sombres des démons deviennent évidentes, mais encore elles s'affaiblissent considérablement, déjouées par cette sainte et glorieuse lumière. C'est pourquoi l'apôtre Paul dit : « N'éteignez pas l'Esprit » (1Th 5,19). »

Diadoque de Photicé (Ve siècle), Cent chapitres sur la perfection spirituelle.
26 Trad ORVAL