MEDITATIONS

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SAINT ATHANASE 


NAÎTRE AVEC LE CHRIST

 

Maintenant que le Verbe s'est fait homme et qu'il a fait siennes les misères dues à la chair, celles-ci ne sont plus attachées au corps, grâce au Verbe qui a pris corps, mais il les a détruites. Désormais, en raison du Verbe fait chair, les hommes ne restent plus pécheurs et morts en raison de leurs propres passions, mais ressuscitant par la puissance du Verbe, ils demeurent à jamais incorruptibles et immortels.


Quand la chair du Verbe naît de Marie, mère de Dieu, on dit que c'est lui qui naît. Il prend en lui notre naissance, lui qui donne aux autres de naître à l'existence et désormais, nous ne sommes plus simplement de la terre qui doit retourner à la terre, mais nous sommes unis au Verbe venu du ciel pour nous mener, par lui, au ciel. De même, n'est-ce pas sans raison qu'il a pris en lui les autres faiblesses du corps : c'est pour que nous ne soyons plus seulement des hommes, mais pour que, appartenant désormais au Verbe, nous ayons en partage la vie éternelle.


Par suite, nous ne sommes plus morts en Adam, comme le voulait notre première naissance : cette naissance et toutes les autres misères de la chair, ont été transportées dans le Verbe, et nous qui venons de la terre, nous sommes délivrés de la malédiction du péché, grâce à celui qui, en nous et pour nous, est devenu malédiction. Et c'est juste. De même que, faits de terre, nous mourons tous en Adam, de même, régénérés par l'eau et l'Esprit qui vient d'en haut, nous sommes tous rendus à la vie dans le Christ. Dorénavant, la chair n'est plus chose terrestre, elle est faite Verbe, grâce au Verbe de Dieu qui, pour nous, s'est fait chair.


Mais, me dira-t-on, comment la chair, mortelle par nature, peut-elle revivre ? Et si elle revit, comment ne connaîtra-t-elle plus de nouveau la faim, la soif, et la souffrance, et comment ne restera-t-elle pas mortelle ? Elle a été faite de la terre, dès lors comment n'aura-t-elle plus ce qui appartient à sa nature ? La chair pourrait alors répondre à cette objection : Certes, je suis faite de terre, mortelle par nature, mais ensuite, je suis devenue chair du Verbe, car celui-ci a porté ce qui m'affecte, bien qu'il en fût exempt. J'ai été libérée des servitudes de la chair, et je ne me laisserai plus asservir par elles, puisque le Seigneur m'en a délivré. Si tu me reproches d'avoir été libéré de ma nature corruptible, prends garde de ne pas reprocher au Verbe d'avoir pris ma nature de serviteur !


Car, de même que le Verbe, ayant pris un corps, s'est fait homme, ainsi nous, les hommes, saisis par la chair du Verbe, nous sommes divinisés par lui et désormais, nous sommes héritiers de la vie éternelle.

 

Contre les Ariens, III, 33-34 – PG 26, col. 393 et s