Saints et Pères et de l'Eglise

Saint Athanase d'Alexandrie


Patriarche d'Alexandrie, Père de l'Église (+ 373)

 

Le quatrième siècle a été marqué par de grandes hérésies et crises, mais aussi par de grands théologiens qui ont défendu la doctrine catholique, souvent au prix de grandes souffrances. L'un de ces grands Pères est saint Athanase, que l'Église commémore tous les 2 mai.


Nous avons vu quel formidable tremblement de terre l'hérésie d'Arius a provoqué dans une Église qui entrait dans une ère de stabilité et de prospérité après la paix de Constantin. Les premières années du IVe siècle ont en effet apporté la paix sociale à la chrétienté, mais elles ont aussi été le théâtre d'une longue guerre entre ariens et nicéens. Les premiers défendaient les doctrines d'Arius d'Alexandrie, qui, pour de nombreux évêques, représentaient un pont vers la culture dominante de l'époque et, pour d'autres, une certaine continuité avec leurs traditions théologiques et culturelles. Les seconds ont défendu l'orthodoxie établie au concile de Nicée, dans laquelle ils voyaient le meilleur moyen de sauvegarder la doctrine trinitaire et la foi en la divinité du Christ, considérées comme le pilier fondamental du message salvateur de l'Église .


Un évêque combatif et brillant  


Dans cet environnement convulsif, et formant une partie importante du second camp, pour ne pas dire son leader, nous trouvons la figure puissante de Saint Athanase. Comme pour d'autres saints pères, nous savons très peu de choses sur son origine et ses débuts dans la vie. Il semble qu'il soit né dans les années antérieures à 300, car au cours des premières décennies du quatrième siècle, il était diacre et proche collaborateur d'Alexandre, l'évêque d'Alexandrie qui devait faire face à l'éclatement de la crise arienne.


En 328, trois ans après le concile de Nicée, il est nommé évêque d'Alexandrie. Il doit affronter les doctrines d'Arius dans le même diocèse que l'hérétique, affecté par d'autres tensions, comme le schisme mélétien. La lutte contre l'arianisme sera une priorité urgente de son magistère épiscopal, qu'il développera tout au long de sa vie dans de brillants écrits pastoraux et théologiques. Il ne néglige pas pour autant l'accompagnement de ses fidèles dans les aspects les plus divers de la vie d'une communauté, comme en témoigne sa vaste collection de Lettres de Pâques rédigée chaque année pour annoncer Pâques aux diocèses égyptiens qui dépendaient d'Alexandrie.


 Quoi qu'il en soit, l'urgence que saint Athanase perçoit dans la question arienne est motivée par ce qu'elle implique comme un déni du message salvateur de l'Église. En effet, Arius soutient que la Parole (Logos), le Fils de Dieu, ne partage pas l'essence divine avec le Père, étant une sorte de dieu créé (plus conforme à la culture dominante de l'hellénisme néoplatonicien). Mais la tradition chrétienne a affirmé que l'humanité ne pouvait être sauvée, restaurée, renouvelée et recréée que si elle ne faisait qu'un avec un Verbe véritablement divin, comme c'est le cas dans l'Incarnation. Dans ce mystère salvifique par excellence, celui qui s'unit à l'humanité est quelqu'un de pleinement divin, et peut donc communiquer à l'humanité les dons salvifiques de l'incorruptibilité, de l'immortalité, de la divinisation et de la connaissance de Dieu.


En fin de compte, le salut de l'homme n'est possible que si l'humanité est assumée dans l'Incarnation par quelqu'un de véritablement divin. Si le Verbe n'est pas Dieu, l'homme n'est pas sauvé et, en outre, la prédication trinitaire de la tradition chrétienne est invalidée. Compte tenu de la gravité de ces conséquences, nous pouvons comprendre l'urgence avec laquelle saint Athanase a combattu l'hérésie arienne. Cette polémique, cependant, était menée sur un ton très ferme, avec des positions théologiques fortes, peu de condescendance pastorale et une relation avec les évêques et les dirigeants qui n'était pas du tout politique. C'est pourquoi il fut l'objet de dénonciations et de rejets, qui aboutirent au synode de Tyr en 335, où un comité d'évêques philo ariens força la déposition de saint Athanase et obtint de l'empereur Constantin son bannissement à Trèves, dans la lointaine Gaule.


Les chemins du bannissement


C'est ainsi que commença son long voyage à travers les déserts de l'exil, dans lequel sa ferme adhésion à l'orthodoxie nicéenne et ses relations complexes avec les évêques et les empereurs le conduisirent tout au long de sa vie. Il subit cinq bannissements sous cinq empereurs successifs : Constantin (335-337), Constance I (339-345), Constance II (356-361), Julien (362-363) et Valens (365-366, quelques années après sa mort en 373). Ces expériences ont cependant donné lieu à des réflexions lucides. Ainsi, le Lettre de Pâques X (écrit depuis Trèves) et le Discours contre les Ariensécrites à la même époque, sont deux œuvres fondamentales dans la longue polémique avec l'arianisme.


Lors de son second exil, cette fois à Rome, il rédige son important traité sur les Les décrets du Conseil de Nicée. Le Conseil avait choisi le terme homoousios (de même essence ou nature) pour définir comment le Père et le Fils partagent la même ousia divine. Saint Athanase défendra clairement ce terme, qui identifiera d'ailleurs la partie minoritaire de ces évêques, les homoousiens qui ont défendu l'orthodoxie nicéenne. Parmi eux se trouvait également saint Hilaire, évêque de Poitiers et auteur d'un traité théologique très important À propos de la Trinité le premier du genre.


L'exil suivant fut celui du désert, où il fut envoyé par Constance II. Mais une fois de plus dans cette situation, saint Athanase a enrichi sa pensée et sa production littéraire. Son séjour dans le désert l'a mis en contact avec la grande tradition monastique du désert égyptien, fondée par l'abbé Saint-Antoine. Saint Athanase parle de lui dans son La vie d'Antonio


Les moines se présentent comme les gardiens de la véritable tradition doctrinale et spirituelle, et donc comme des adversaires résolus de l'arianisme et des protecteurs de ceux qui, comme saint Athanase, souffrent pour s'y être opposés. Les moines se présentent comme les gardiens de la vraie tradition doctrinale et spirituelle, et donc comme de fermes adversaires de l'arianisme et des protecteurs de ceux qui, comme saint Athanase, souffrent pour s'y être opposés. Afin d'exhorter les fidèles d'Égypte à rester fidèles à la vérité et à ne pas tomber dans les filets du compromis et de la fausse unité, il écrit un vibrant Lettre aux évêques d'Égypte et de LibyeFace à la confusion et à la division des évêques, il les a exhortés à ne pas approuver dans leurs diocèses des formules de foi opposées à Nicée ou ambiguës.


La tradition sauvée


Pendant des années, saint Athanase continue d'être impliqué dans des conflits, des tensions ecclésiastiques, des ambiguïtés épiscopales, des crises de succession d'empereurs et des bannissements récurrents. En fait, le tremblement de terre déclenché par Arius ne cessera en Orient que lorsque l'empereur Théodose décrétera l'orthodoxie nicéenne. homoousiana Cependant, bien qu'il n'ait pas vu la fin de la crise, saint Athanase est resté fidèle à sa mission d'expliquer, de défendre et de diffuser la doctrine reçue de la tradition apostolique.


Il continuera d'écrire le Lettres à Sérapion Nous y trouvons une réflexion importante sur la théologie du Saint-Esprit : le fait que la foi de Nicée déclare que le Père et le Fils partagent la même et unique essence divine ne signifie pas qu'il faille nier la divinité du Saint-Esprit. Bien que saint Athanase ait eu tendance à souligner l'unité au sein de la Trinité (afin de ne pas diminuer la divinité du Fils), il n'a pas oublié la riche tradition théologique alexandrine, qui s'intéressait beaucoup à la diversité des trois personnes divines et à leurs relations mutuelles : le Père, le Fils et le Saint-Esprit.


Enfin, nous pouvons souligner son Lettre de Pâques XXXIX (dès 367), dans lequel il expose la tradition du diocèse d'Alexandrie concernant les livres acceptés dans le canon des Saintes Écritures. Il s'agit de l'un des plus anciens exposés de la tradition des Saints Pères sur le canon de la Bible. 


Le courage de saint Athanase, sa force d'âme, sa fidélité à la doctrine reçue de la tradition, son acceptation de l'orthodoxie définie à Nicée et ses brillantes capacités d'écrivain et de théologien font de lui une figure exceptionnelle. Grâce à lui et aux grands Pères du IVe siècle, la doctrine catholique n'a pas succombé à la mondanité de la crise arienne, et l'Église a pu ainsi continuer à soutenir sa mission salvatrice au milieu du monde.


Antonio de la Torre/omnesmag.com/



Le martyre de saint Fidèle de Sigmaringen Eglise Saint-Laurent de Pleure

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D’après les recherches effectuées par Madame de Vesvrotte, Conservatrice des antiquités et objets d’art du Jura, il s’agirait d’une œuvre inspirée d’un tableau de Sébastiano Conca, artiste italien ayant représenté le martyre de saint Fidèle à l’époque de la canonisation.

Cette source fut reproduite par plusieurs gravures dont le peintre du tableau de Pleure a dû s’inspirer, sa composition étant inversée par rapport à l’original. L’exaltation de saint Fidèle Gravure imprimée sur soie d’après un tableau de Sébastiano Conca


 Saint Fidèle occupe la place centrale du tableau. Vêtu de la tenue des Capucins, il est à genoux par terre, les bras ouverts, le visage tourné vers l’un de ses agresseurs et la tête déjà auréolée d’un nimbe de lumière. Tombé à terre, juste à ses côtés, un livre à la couverture rouge ainsi que le crucifix placé sur sa poitrine nous signifient son lien au Christ par sa Parole. Cette Parole que Fidèle a annoncée juste avant, durant la messe qu’il vient de célébrer.


 Ce sont ses seules armes face aux quatre hommes qui l’encerclent, sans parler de ceux qui, dissimulés derrière les colonnes observent et commentent, voire même encouragent leurs compères. En revanche, les agresseurs sont, eux, puissamment armés : poignard, pieu, épée, gourdin hérissé de pointes de fer sans parler de la hallebarde posée à terre, au premier plan du tableau. L’ampleur de leurs gestes, accentuée par le mouvement de leurs vêtements attestent de la violence avec laquelle ils frappent leur victime. Leur visage, eux aussi, traduisent la brutalité et l’excès. Il est vrai que la région des Grisons avait connu durant toute la première moitié du XVIIème siècle des conflits fréquents entre catholiques et protestants avec, en particulier l’épisode tragique du Sacro Marcello en 1619 – soit 3 ans avant la mort de Fidèle de Sigmaringen- où 700 protestants furent tués par les catholique soutenus par les troupes de la famille de Hasbourg.


On peut imaginer que de tels massacres aient marqué les esprits et conduit au fanatisme. Si la scène centrale du tableau nous montre l’opposition entre la violence des assassins et la douceur de celui à qui ses paroles et ses actes avaient valu le surnom « d’ange de la paix », la partie supérieure, quant à elle, nous rappelle ce qui plaît à Dieu. L’angelot qui traverse la nuée tient dans ses mains la couronne et la palme du martyre : la douceur de saint Fidèle lui fait gagner la terre promise, comme Jésus nous le dit dans la troisième béatitude (Mt 5, 5)


 Une douceur qui n’ignore pas les difficultés mais qui, avec l’aide de Dieu, est le témoignage d’un amour effectif, d’une charité en œuvre. Saint Fidèle le disait ainsi dans son testament :


« De nos jours, qu’est-ce qui entraîne les chrétiens à rejeter la facilité, à renoncer au confort, à supporter les épreuves, à souffrir une vie pénible ? C’est la foi vive qui agit par la charité. » « Dans ce monde qui depuis le commencement est un lieu d’inimitié, où l’on se dispute partout, où, de tous côtés, il y a de la haine, où constamment nous classons les autres en fonction de leurs idées, de leurs mœurs, voire de leur manière de parler ou de s’habiller. En définitive, c’est le règne de l’orgueil et de la vanité, où chacun croit avoir le droit de s’élever au-dessus des autres. Néanmoins, bien que cela semble impossible, Jésus propose un autre style : la douceur. C’est ce qu’il pratiquait avec ses propres disciples. »

Pape François, Gaudete et Exsultate n°71

 

Bertane Poitou Commission d’art sacré – Diocèse de Saint-Claude Avril 2021.

eglisejura.com